Pour bien comprendre ces enjeux et améliorer la qualité de nos logements, nous nous sommes entretenus avec le docteur Fabien Squinazi qui a co-présidé le groupe de travail sur l’habitat du Haut Conseil de la santé publique et a notamment élaboré un outil définissant un score de santé de l’habitat : le Domiscore. Ce médecin biologiste a également participé à la rédaction d’un rapport sur les facteurs contribuant à un habitat favorable à la santé afin de limiter les risques sanitaires et donc les inégalités de santé. Découvrez ses 7 conseils pour avoir un logement de qualité qui préserve la santé de ses occupants ! 1 Être attentif à la composition des matériaux utilisés dans son logement Pour le docteur Squinazi, « bien choisir ou identifier les matériaux de son logement est indispensable ». En effet, le logement peut parfois renfermer des substances dangereuses, comme : Du plomb dans les peintures dégradées ou les canalisations d’eau des logements anciens, qui peut provoquer une intoxication ou un saturnisme, notamment chez les jeunes enfants. De l’amiante, responsable de cancers ou maladies chroniques respiratoires, présent à plusieurs endroits dans les anciens logements (plafonds-suspendus, dalles au sol, gaines, etc.). Des phtalates, des substances toxiques pour la reproduction et perturbatrices endocriniennes, libérées par des articles en PVC (revêtements de sol par exemple). Des retardateurs de flamme utilisés dans toutes sortes d’objets et d’équipements de la maison et qui sont possiblement des perturbateurs endocriniens . Des composés organiques volatils (formaldéhyde, etc.) émis dans l’air par les peintures, colles, vernis, etc. et ayant des impacts sur la santé, allant de l’irritation des muqueuses oculaires et respiratoires, après une courte exposition ou à des effets cancérigènes en exposition chronique. Les substances libérées par ces matériaux se retrouvent dans l’air et la poussière domestique et sont ingérées, inhalées ou absorbées par la peau des habitants du logement. De même, les travaux qui génèrent des poussières exposent, par exemple, au plomb ou à l’amiante. Le docteur Squinazi recommande donc d’être attentif au constat de risque d’exposition au plomb ainsi qu’au diagnostic amianté délivrés au moment de l’achat ou de la location de votre logement avant d’entamer des travaux. Il conseille également de choisir les matériaux les plus durables possibles et respectueux de la santé lors d’une rénovation ou d’une construction, en se fiant aux fiches de déclaration environnementale et sanitaire (base INIES) et à l’étiquetage environnemental des émissions dans l’air intérieur (privilégier les étiquettes A+). 2 Préserver le confort thermique de son logement Avoir trop froid l’hiver ou souffrir de la chaleur chez soi durant la période estivale peut avoir un impact très néfaste sur la santé. Une mauvaise isolation thermique du logement (isolation insuffisante et présence de ponts thermiques) et l’absence d’un système de chauffage performant en sont la principale cause. Ces deux éléments conduisent également au développement de l’humidité et donc de moisissures, ce qui accroit le risque d’asthme et d’allergies. L’exposition prolongée à des températures intérieures trop basses peut entraîner des pathologies respiratoires et cardiovasculaires. A contrario, un logement trop chaud peut entraîner des risques de déshydratation, des troubles du sommeil, l’aggravation d’une maladie chronique ou un coup de chaleur. De manière générale, la précarité énergétique avec ses difficultés, voire son incapacité, à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à ses besoins, est à l’origine , d’une altération de la santé mentale (anxiété, dépression ou troubles cognitifs). Découvrez nos conseils pour bien isoler votre logement et comment traiter les moisissures. 3 Vérifier et mettre aux normes son installation électrique Disposer d’une distribution électrique fonctionnelle et sécurisée est indispensable pour atteindre le confort dans son appartement ou sa maison et satisfaire les besoins essentiels à une bonne santé physique et mentale. L’électricité conditionne en effet l’accès à des équipements permettant de conserver ses aliments sans risque de développement microbien (réfrigérateur et congélateur), à l’éclairage et, dans de nombreux foyers, au chauffage et à l’eau chaude sanitaire. Par ailleurs, une installation électrique défaillante représente un risque non négligeable pour la santé : on dénombre 4 000 électrisations graves avec une centaine de morts par an en France. La mise à la norme NF C 15-100, qui fixe les règles de conception, de réalisation et d’entretien des installations électriques basse tension en France, est donc indispensable. Lors de la location ou de l’achat d’un logement, il vous sera remis un état de l’installation intérieure d’électricité, aussi appelé diagnostic électricité , qui évalue la sécurité des installations électriques. Il pourra servir de base pour faire changer ou mettre aux normes votre installation par un professionnel. Découvrez nos conseils pour savoir que vérifier en termes d’électricité lors d’une visite de logement. Voir cette publication sur Instagram Une publication partagée par Les Conseils Qualitel (@associationqualitel) 4 Veiller à la qualité de l’air intérieur de son logement Nous passons environ 80% de notre temps dans des espaces clos comme notre logement (50 %), à respirer un air qui concentre plus de substances chimiques et de fines particules qu’à l’extérieur (source : Agence Régionale de Santé). L’amélioration de la qualité de l’air intérieur est donc essentielle pour la santé des habitants. Un air intérieur, confiné et chargé de divers polluants est responsable d’inconfort et de gênes passagères (irritations, toux, essoufflement…), mais aussi d’intoxications, d’allergies ou d’infections, et conduit à plus ou moins long terme à des maladies chroniques, notamment respiratoires ou cardiovasculaires. Une qualité de l’air intérieur satisfaisante dépend du bon fonctionnement des équipements présents dans le logement, notamment les systèmes d’aération (ouverture des fenêtres dans les pièces) et de ventilation Mais elle dépend aussi du mode d’usage du logement par les habitants. Le docteur Squinazi l’affirme : « il est toujours très difficile de dépolluer ce qui a été pollué. Il faut donc maîtriser la pollution à la source » . Voici les conseils du médecin pour limiter les sources de pollution de l’air intérieur qui dépendent directement des pratiques des occupants : Éviter l’utilisation de produits désodorisants, bougies parfumées, encens, produits ménagers non naturels dans le logement ainsi que le tabagisme et le vapotage . Privilégier les matériaux et les produits disposant d’un étiquetage environnemental A+ d’émission de substances volatiles polluantes Entretenir régulièrement le système de ventilation, notamment en nettoyant les entrées d’air et les bouches d’extraction de la VMC. Voir plus Comment nettoyer votre VMC (ventilation mécanique contrôlée) ? Conseils au quotidien Définir un plan d’aération personnalisé à l’utilisation de votre logement : Dans le cas où vous n’êtes pas chez vous la journée, respecter les recommandations d’aération de l’ADEME. Soit 5 à 10 minutes d’ouverture des fenêtres de toutes les pièces (tôt le matin et tard le soir par rapport à la pollution extérieure de proximité). Dans le cas où vous êtes en télétravail ou chez vous toute la journée, la pollution intérieure sera plus importante. Il est donc nécessaire d’aérer de manière plus fréquente et surtout lorsque vous faites le ménage, lorsque vous cuisinez, lorsque vous faites des travaux, etc. Découvrez nos conseils pour améliorer la qualité de l’air de votre logement. Attention aux purificateurs d’air Le docteur Squinazi est formel : « un purificateur d’air ne peut pas se substituer à l’aération/ventilation quotidienne de votre logement ». En effet, aérer et ventiler sont les seules façons d’amener dans votre logement un air nouveau chargé en oxygène et d’évacuer le gaz carbonique (CO2) produit par la respiration humaine et les polluants générés à l’intérieur. Le purificateur d’air peut avoir une action de dépollution complémentaire (variable suivant la technologie de l’appareil), mais à la condition d’évaluer son efficacité et son innocuité dans une configuration réelle d’utilisation. 5 Prévenir la prolifération des bactéries dans les installations d’eau Le raccordement d’un logement à l’eau potable permet de vivre de manière décente en matière d’hygiène corporelle et d’alimentation (préparation des repas et eau de boisson ). Le docteur Squinazi recommande cependant une attention particulière sur le risque de développement dans les canalisations d’eau de bactéries d’origine environnementale, notamment les légionelles à l’origine d’une infection pulmonaire potentiellement mortelle, par inhalation de microgouttelettes d’eaux contaminées lors de la prise de douche. Ces bactéries se développent particulièrement lorsque la température de l‘eau des canalisations est comprise entre 25° et 45°C . Pour éviter cette prolifération bactérienne dans l’eau courante de nos logements, 3 gestes simples sont à adopter : Faire couler l’eau 2/3 minutes après une période d’inutilisation (absence pour congés par exemple) pour vidanger l’ eau stagnante des canalisations dans lesquelles les légionelles auraient pu se développer. Cela permet, par la même occasion, d’éliminer le plomb libéré par des canalisations en plomb de bâtiments anciens . Pour éviter le gaspillage, l’eau vidangée peut être utilisée pour le nettoyage des sols ou l’arrosage des plantes. Adapter la température de l’eau dans les canalisations d’eau chaude sanitaire. Elle doit être en permanence supérieure à 50°C. Pour cela, le ballon d’eau chaude ou le chauffe-eau doit être réglé entre 55 et 60 degrés. L’entretien annuel (détartrage et désinfection) du ballon d’eau chaude ou du chauffe-eau est nécessaire pour éviter la contamination de l’eau par les légionelles. Retrouvez nos conseils pour bien vérifier l’état de la plomberie lors d’une visite de logement. 6 Penser à l’accessibilité du logement L’accessibilité du logement et la circulation dans celui-ci ont toute leur importance, notamment pour les personnes à mobilité réduite (PMR) ou vieillissantes. Ce n’est pas forcément un critère que l’on prend en compte lors de l’achat d’un logement, mais c’est mieux d’y penser et d’anticiper puisqu’un logement est souvent choisi pour la vie (59 % des acquéreurs sondés déclarent avoir « acheté [leur] logement pour y rester toute [leur] vie » selon le Baromètre QUALITEL-IPSOS 2022, donc il doit pouvoir rester accessible même si la motricité de ses habitants diminue. D’autre part, en ce qui concerne l’espace chez soi et sa disposition, il s’avère qu’un logement trop exigu, une suroccupation dans le logement ou encore une insuffisance de hauteur sous plafond agissent directement sur le bien-être et la santé mentale des occupants. La santé dans le logement englobe effectivement de nombreux critères liés au bien-être mental, physique et social. Le docteur Squinazi précise que la notion d’accessibilité du logement concerne aussi l’accès à des services de base comme l’accès aux soins et à une alimentation diversifiée à proximité, la présence d’espaces verts, récréatifs ou sportifs, d’espaces partagés, d’activités culturelles et d’animations, de voies cyclables ou piétonnes. Tous ces éléments ont un impact sur la qualité de vie des habitants, leur vie sociale et leur santé mentale. 7 Privilégiez les logements certifiés En définitive, la qualité sanitaire d’un logement repose sur plusieurs critères parmi lesquels la décence du logement comme sa salubrité, l’exposition à des nuisances environnementales, le mode d’usage du logement ou encore l’intégrité physique des occupants. C’est pourquoi le docteur Squinazi recommande de faire confiance à la certification lors du choix de son logement, que ce soit lors d’une location ou d’un achat. Les certifications comme NF Habitat garantissent en effet le respect de certaines exigences dans la conception du logement permettant de ne pas avoir froid en hiver ni trop chaud en été, de ne pas subir de gêne liée aux bruits de la rue ou des voisins ou encore de préserver la qualité de l’air à l’intérieur du logement. Pour le docteur Squinazi, l’avantage est clair : “la certification est la garantie d’un logement qui a fait la preuve de son innocuité sanitaire. À ses occupants, ensuite, de maintenir cet habitat dans les meilleures conditions sanitaires pour habiter un logement ne menaçant pas leur santé.” Les facteurs déterminants de la santé dans le logement sont multiples et la liste citée dans cet article n’est pas exhaustive. Pour tous les connaître et évaluer la qualité de votre logement, plusieurs outils existent : Le rapport du Haut Conseil de la santé publique sur les facteurs contribuant à un habitat favorable en matière de santé. Le Qualiscore qui vous propose de mesurer la qualité perçue de votre logement. Le Domiscore qui est l’outil de caractérisation d’un habitat vis-à-vis des impacts qu’il porte sur les conditions de vie, la santé et le bien-être de ses occupants élaboré par le Haut Conseil de la santé publique à la demande du ministère de la Santé. Sur le même sujet Nuisances sonores : quels sont les impacts sur la santé ? Qu’est-ce qu’un logement décent ? Quels produits d’entretien choisir et comment les utiliser ? 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