Le groupe REALITES intervient dans de nombreux domaines de l’immobilier, notamment celui de l’habitat. Quels grands changements avez-vous constatés ces dernières années dans l’approche de votre métier ? Les attentes des Français ont-elles évolué selon vous ?
Les attentes des Français en matière d’achat immobilier peuvent être de différents ordres mais nous avons constaté des changements très récemment. Il y a encore quelques mois, les ventes pouvaient s’opérer sans grande difficulté, les Français étaient acheteurs. Aujourd’hui, l’accès au crédit pour les particuliers s’est fortement dégradé, et on constate un besoin plus fort en matière d’accompagnement personnalisé, ne serait-ce que dans la recherche de crédit. Cela recentre notre action sur les fondamentaux « métiers » à savoir le conseil, l’accompagnement client et l’expertise.
Du point de vue du logement lui-même, les attentes ont aussi évolué et nos programmes en tiennent compte. Par exemple, nous prévoyons de plus en plus d’espaces extérieurs, qu’ils soient privés ou collectifs. Nous constatons aussi de nouvelles attentes en matière de mode de chauffage, attentes légitimes liées à la conjoncture. L’acquisition d’un logement chauffé au gaz pose davantage de difficultés aux nouveaux acquéreurs, tant pour des raisons économiques au regard du coût du gaz qui a triplé, que d’un point de vue environnemental.
Ces évolutions entrent en résonnance avec notre stratégie bas carbone et nous invite à nous réinventer sans cesse. C’est un sujet très important en interne qui mobilise l’ensemble des collaborateurs.
Le groupe REALITES est particulièrement investi en matière de neutralité carbone. Pour preuve, vous lancez un nouveau modèle industriel de construction bas carbone « REALITES BuildTech ». Pourquoi cette nouvelle ambition ?
Nous avons établi une stratégie carbone prévoyant la mise en place d’une trajectoire qui consiste à réduire nos émissions de 41 % entre 2020 et 2031.
Les leviers pour réduire l’intensité carbone de notre production s’appuie sur les choix des vecteurs énergétiques et les modes constructifs. Pour cela, nous attachons la plus grande importance aux matériaux utilisés qui nous permettront de réduire la partie IC construction de la RE2020.
La construction bois, et plus généralement la construction bio-sourcée, est efficace pour atteindre cet objectif. Nous opérons actuellement une transition forte des systèmes constructifs traditionnels béton/brique vers des systèmes constructifs tout ou partie biosourcés.
C’est pour cette raison que l’on investit massivement dans un modèle de construction bas carbone et faisons le choix de la construction « hors site ». Cela nous permettra de répondre également à d’autres impératifs qui sont aujourd’hui prégnants dans le monde de la construction à savoir la réduction des nuisances et des pollutions induits par les chantiers.
De plus, le fait de travailler en filière sèche a un avantage certain, compte tenu de la raréfaction de la ressource en eau qui va se faire de plus en plus forte.
Nous consommons moins d’eau sur les chantiers, consommation que nous monitorons pour mieux l’évaluer.
Autre avantage du chantier « hors site », le confort des compagnons. Il est plus agréable de travailler dans une usine au chaud, qu’exposé aux éléments naturels.
Notre modèle est efficient et nous avons déjà des modules qui ont été installés, qu’il s’agisse de maison individuelle ou de logements étudiants, en cours de construction dans notre usine à Rennes pour construire une des plus grandes résidences étudiantes de France.
Quels sont les impacts directs de votre stratégie environnementale sur la qualité des logements que vous proposez ?
Selon nous, l’industrialisation de la construction permet de garantir la qualité de la mise en œuvre du bien livré. Et cette qualité est essentielle pour améliorer la performance énergétique réelle à terme d’un logement.
Nous portons une grande attention à l’isolation, à l’étanchéité des structures et le fait qu’elles soient réalisées en usine, assure une qualité de réalisation supérieure. Nous allons appliquer la rigueur d’un process industriel au domaine de la construction où habituellement une partie des défauts de performance constatés étaient liés à la mise en œuvre qui pouvait être aléatoire sur le chantier. Avec notre modèle, au bout de la chaine, il n’y a pas de mauvaise surprise pour l’acquéreur. Nous allons plus loin et allons mettre en place un système de mesure de la performance des modules en sortie de chaine. La réflexion est en cours et cela apportera une nouvelle garantie de qualité pour nos clients.
Ces nouveaux modes de fabrication englobent le changement des modes de production énergétique (changement du gaz au profit de système de pompe à chaleur) et permettent de passer à des systèmes plus sobres, réversibles et qui anticipent les évolutions climatiques en prévoyant notamment le rafraichissement des ouvrages pour anticiper les périodes de canicule à venir. C’est un confort supplémentaire pour l’acquéreur.
La grande majorité des activités du Groupe sont éligibles selon les critères de la Taxinomie Européenne. Comment cette nouvelle règlementation impacte-t-elle au quotidien votre stratégie de développement ?
La taxinomie va valoriser notre activité de construction bas carbone dans la mesure où notre activité va permettre de contribuer de manière substantielle à l’atténuation du changement climatique.
Cette règlementation est tout à fait conforme à notre stratégie bas carbone.
Et pour cause, on se fixe des objectifs de performance énergétique supérieurs à ceux de la RE2020 pour une grande partie de notre production, de plus de 10 %.
Ce sont des niveaux que l’on atteint régulièrement et ce d’autant plus que les investisseurs institutionnels avec qui nous travaillons sont très vigilants et intéressés à juste titre par les biens qui cochent les cases de la taxinomie. C’est un cercle vertueux dans le lequel nous nous inscrivons.
Les certifications ont-elles, selon vous, un rôle à jouer pour garantir le respect de la taxinomie dans le secteur de la promotion immobilière et du logement ?
Oui, dans la mesure où ces certifications nous offrent un cadre d’intervention qui va définir clairement les critères et les objectifs en matière environnementale, énergétique etc. La taxinomie est un sujet complexe, souvent difficile à décrypter et le fait d’avoir un organisme de certification qui traduit cela dans des objectifs clairs pour nous, plus lisibles, est un atout.
En revanche, nous ne faisons pas certifier nos réalisations dans le but de répondre à la taxinomie mais bien pour nous assurer, et assurer à nos clients que notre approche et notre production est de qualité.
Le groupe REALITES est également présent aux delà de nos frontières. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
La stratégie de développement international a commencé par notre implantation au Maroc en 2018. Nous sommes aussi présents au Sénégal, et depuis peu au Portugal. Cette ouverture illustre de notre capacité d’adaptation dans de nouveaux écosystèmes, aux enjeux et normes différentes. C’est un défi pour nos équipes.
Nous veillons néanmoins à répondre aux besoins en France, nous sommes présents sur presque tout le territoire et sommes attachés à renforcer notre présence dans le sud-est dans les prochains mois.
