Des candidatures très qualitatives
Pour cette édition 2022, l’Association QUALITEL a reçu 16 projets de construction et de rénovation présentés par des étudiants issus de 8 écoles à travers toute la France : l’ENSA Bretagne, l’ENSA Lyon, l’ENSA Montpellier, l’ENSA Nantes, l’École d’Architecture de Paris-Belleville, l’ENSA Paris-La Villette, l’ENSA Paris-Malaquais ainsi que l’École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille.
Parmi ces projets, 6 ont été présélectionnés et ont ainsi pu être soutenus par leur équipe respective lors du 52e Congrès des Architectes, devant un jury composé de :
- Lionel BLANCARD DE LÉRY, Architecte et Président des 2 clubs d’industriels de l’UNSFA : Club Prescrire et Club Digital Prescrire ;
- Antoine DESBARRIÈRES, Directeur de l’Association QUALITEL et Président de CERQUAL Qualitel Certification ;
- Raphaël LABRUNYE, Directeur de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Normandie ;
- Florian LAUREÇON, Secrétaire général de la mission interministérielle de la qualité des constructions (MICQ) ;
- Eric PIARD, Architecte au CAUE 76 ;
- Gérard TURCK, membre du Bureau de l’UNSFA et vice-président du Club Prescrire ;
- Valérie WATHIER, Adjointe chef de bureau de la recherche architecturale et urbaine au Ministère de la Culture.
Les membres du jury ont pu constater que la qualité des dossiers ne cesse d’augmenter à chaque nouvelle édition, rendant leur travail de sélection plus difficile chaque année.
Le projet de rénovation « La ferme du Grand Air » primé
Au terme des délibérations, les membres du jury ont décerné le Trophée Jeunes Talents Architecture à Mathilde Gédéon, de l’ENSA Lyon. Elle a également reçu un chèque de 2 000€ pour récompenser son projet de rénovation « La ferme du Grand Air », conçu pour redonner sa vocation agricole à une ferme des Monts du Lyonnais et faciliter la cohabitation entre agriculteurs et non-agriculteurs sur le même site.
Ce projet s’intéresse au maintien de l’activité agricole des fermes en U (composées de 3 corps de bâtiments autour d’une cour), la typologie prédominante sur ce territoire situé entre Lyon et Saint-Etienne. Face à cette problématique, le logement représente un enjeu majeur. En effet, la plupart des porteurs de projet hors cadre familial peinent à trouver un lieu de vie car ils ont besoin que celui-ci se situe à proximité immédiate de la ferme afin de réduire la contrainte d’astreinte liée à l’activité agricole, notamment s’il s’agit d’élevage. Cependant, les prix d’achat des fermes sont souvent trop élevés et les agriculteurs retraités, sans enfants repreneurs, acceptent de céder leur activité agricole mais pas leur logement. Faute d’accord, ces fermes sont vendues à des urbains en tant que résidences secondaires lors de l’héritage et perdent leur activité agricole.
La ferme du Grand Air est l’exemple type de ce phénomène puisqu’elle n’est plus en activité depuis les années 60 et appartient à des héritiers qui en jouissent en tant que résidence secondaire. Dans le scénario de rénovation envisagé par Mathilde Gédéon pour encourager l’installation de petites exploitations diversifiées, plus respectueuses de l’environnement que les exploitations intensives, les propriétaires non-agriculteurs actuels gardent la propriété de la ferme et cohabitent avec deux agriculteurs en location (un paysan-boulanger et un éleveur caprin). Les propriétaires habitent une partie de la ferme en résidence secondaire, et chaque agriculteur ainsi que sa famille habite et travaille dans une autre partie de la ferme.
Le projet s’articule autour de plusieurs axes essentiels : le respect du patrimoine existant, l’usage des matériaux locaux et du réemploi ainsi que l’amélioration des performances énergétiques. Il a été pensé dans une logique de phasage avec 3 étapes qui pourront être réalisées au fur et à mesure, selon les moyens financiers des propriétaires.
Finalement, 3 types de cohabitation s’organisent dans la ferme : une cohabitation entre les activités agricoles, une cohabitation entre les 3 logements et une cohabitation entre les logements et les activités agricoles. L’enjeu est de permettre aux agriculteurs de vivre sur leur lieu de travail et aux propriétaires de profiter de leur ferme en tant que résidence secondaire, tout en préservant l’intimité de chacun. Pour ce faire, de nombreux acteurs ont participé au projet dans une logique collaborative : les propriétaires de la ferme du Grand Air, des architectes, des chercheurs, des étudiants architectes et ingénieurs, des agriculteurs et des acteurs locaux. Chacun a apporté son point de vue afin d’aboutir à un projet répondant au mieux aux besoins de tous et prenant en compte les enjeux actuels du territoire.