Forte humidité, cyclones, séismes, réchauffement climatique… Les départements et régions d’Outre-mer (DROM) font face à de nombreux défis naturels. Les maîtres d’ouvrage et les maîtres d’œuvre locaux se sont donc adaptés en développant un bâti léger pour améliorer le confort de vie tout en le rendant suffisamment résistant pour faire face aux risques naturels.
Des pratiques qui pourraient être source d’inspiration, d’échanges et de référence selon un rapport sénatorial de juillet 2021 sur le logement d’Outre-mer.
Une réglementation contraignante qui pousse à l’innovation
« L’une des principales différences entre la métropole et La Réunion, c’est que nous cherchons à conserver la fraîcheur dans le logement et non pas la chaleur, explique François Aroca, directeur du développement de la Société Immobilière du département de La Réunion (SIDR), l’un des principaux bailleurs sociaux de l’île. Et nous ne pouvons pas simplement fermer l’habitation car le taux d’humidité est très élevé sur l’île. Le maître-mot, c’est la ventilation ».
La réglementation RTAA-DOM en vigueur répond à ces contraintes en imposant un logement traversant, avec une ouverture sur au moins deux façades, pour favoriser la ventilation. « Cela a entraîné un re-questionnement de l’habitat collectif, il a fallu repenser les accès aux logements avec les problèmes de vis-à-vis que cela suppose, indique François Aroca. Nous avons donc isolé les pièces des coursives avec des linéaires. Cette règlementation bienvenue a tout de même entraîné des contraintes intellectuelles et économiques », qui pousse les DROM à innover dans le secteur. « Nous utilisons également beaucoup de volets à persiennes, assure François Aroca, qui permettent de ventiler tout en empêchant le soleil de pénétrer dans la pièce ». Des idées qui pourraient s’appliquer à la métropole, déjà confrontée à la hausse des températures.
À La Réunion, certaines couleurs sont également proscrites dans le bâti pour lutter contre la chaleur. Mais l’ensoleillement n’est pas seulement vécu comme une contrainte. Il peut être aussi un atout : la réglementation impose ainsi l’équipement de chauffe-eau fonctionnant à l’énergie solaire, faisant de l’île, avec ses 20.000 logements équipés, le parc le plus important de France. Quant aux risques naturels, ils sont également bien maîtrisés : « Pour les cyclones, nous construisons des toits avec le moins de prise au vent possible, indique François Aroca. Il n’y a pas eu de problème majeur pour l’habitat collectif lors des dernières tempêtes ».
Aller plus loin dans le confort climatique du logement d’Outre-mer
Pour un logement encore plus confortable et durable, la SIDR a décidé d’aller plus loin que la réglementation. « Nous avons signé un accord avec CERQUAL Qualitel Certification pour certifier NF Habitat la grande majorité de nos opérations », explique François Aroca. Cette certification garantit, dès la conception de l’habitat, une meilleure isolation thermique et acoustique, une consommation d’énergie moins élevée ou encore un logement plus sain et mieux ventilé.
La SIDR va encore plus loin en cherchant, quand cela est possible, à certifier NF Habitat HQE (Haute Qualité Environnementale) certaines de ses habitations. C’est le cas notamment de 48 logements en Prêt Locatif Social dans la ville du Port. La société a pris de nombreuses mesures concrètes, qu’énumère François Aroca, pour obtenir cette certification : « Nous avons augmenté le taux de porosité, développé l’isolation des murs et amélioré l’acoustique pour pouvoir vivre les fenêtres ouvertes. Celles-ci sont équipées de casquettes pour ombrager les ouvertures et éviter la pénétration du soleil. Nous avons également végétalisé le pied des immeubles pour donner une impression de fraîcheur ». Enfin, la SIDR a proscrit les climatiseurs, très énergivores, pour les remplacer par des brasseurs d’airs couplés à une ventilation efficace. En prouvant par la même que le confort de vie ne rime pas forcément avec grosse consommation d’énergie.
Quid du ressenti des habitants de ces logements ? « Les enquêtes de satisfaction obligatoires pour les bailleurs sociaux ne traitent pas de ces sujets-là, précise François Aroca. Nous allons donc étudier la possibilité de lancer une enquête flash sur le confort climatique dès 2022 ». Rendez-vous est pris.