Le confinement, révélateur des inégalités dans la qualité du logement

L’Association QUALITEL publie avec l’Institut Ipsos les résultats de l’une des enquêtes les plus complètes menées à ce jour sur le logement et le confinement, avec un échantillon représentatif de 2 600 Français qui ont répondu à 63 questions et noté leur logement sur la base de 17 critères (confort thermique, isolation acoustique, qualité des matériaux, ventilation, luminosité etc.) qui composent le Qualiscore, indice de la qualité perçue du logement.

EN SYNTHÈSE

  • 20 % des Français ont « mal supporté » leur logement pendant le confinement.
  • Leur portrait-type : jeunes, vivant dans une grande ville, locataires, en appartement et à faibles revenus
  • 41 % des Français disent avoir connu des tensions dans leur foyer : les – de 35 ans et les occupants d’appartements sont plus touchés que les autres.
  • Un clivage territorial net  : la France des campagnes note mieux la qualité de son logement pendant la période, devant les villes moyennes puis les métropoles (l’Île-de-France arrive en dernier).
  • 38 % des habitants d’appartements affirment que cette période leur a donné envie de déménager, soit 3 fois plus que les habitants de maison.
  • 94 % des Français se sont confinés chez eux, 92 % dans l’agglomération parisienne. 1ère motivation de ceux qui se sont confinés ailleurs : retrouver leur famille (avant la recherche d’espace).
  • 34 % des Français déclarent qu’ils « auraient pu vivre en confinement très longtemps sans problème ». Ce sont eux qui donnent la meilleure note de qualité à leur logement.

Le confinement, révélateur de l’importance de la qualité du logement pour les Français

L’étude détaillée des profils de ces Français qui ont souffert démontre qu’il y a bien eu plusieurs France dans ce grand confinement.

S’il fallait faire un portrait type du confiné « heureux à la maison », ce serait une personne de plus de 60 ans, vivant en couple, propriétaire d’une maison en commune rurale. Ainsi, une part non-négligeable de Français (34 %) affirmait au bout de 6 semaines « qu’ils pourraient vivre en confinement très longtemps sans problème ». Ce sont ceux qui donnent la meilleure note à la qualité de leur logement, à 7,2/10 contre 6,7/10 pour ceux qui avouent « commencer à en avoir marre » Une proportion similaire de Français ressort même de cette période avec un attachement renforcé à son domicile : 37 % affirment avoir « adoré » leur logement pendant le confinement.

A contrario, parmi les 20 % (soit près de 8 millions de foyers) qui « supportent mal leur logement pendant le confinement », on trouve une sur-proportion de jeunes (28 % des – de 35 ans), de personnes seules (26 %), en appartement (29 %) avec des revenus modestes (32 % des personnes gagnant moins de 1 250€).

54 % des jeunes, 51 % des familles avec enfants en bas âge et 49 % des résidents d’appartements avouent aussi « qu’il y a eu des moments de tension » dans leur foyer au cours du confinement, des chiffres très supérieurs à ceux des + 60 ans (29 %) ou des habitants de maison (37 %). La moyenne des Français se situe à 41 %.

Perception de la qualité de son logement en période de confinement : de fortes disparités entre les catégories de populations

Catégories d’agglomération

Sans surprise, la France des campagnes, qui juge en temps normal plus favorablement la qualité de son logement (cf. baromètre Qualitel 2019), a globalement mieux vécu le confinement. 65 % des personnes vivant en zone rurale jugent que leur logement est tout à fait adapté pour vivre confiné, 47 % pour les personnes vivant dans une grande métropole (35 % pour l’Île-de-France).

NB : Le Qualiscore est un indice de la qualité perçue du logement calculé sur la base de 17 critères (confort thermique, isolation acoustique, qualité des matériaux, ventilation, luminosité etc.)

Qualiscore : Note de qualité du logement sur 10

Appartement ou maison

L’élément de loin le plus discriminant pour avoir bien vécu le confinement est le fait d’habiter en maison plutôt qu’en appartement. Seules 28 % des personnes ayant vécu le confinement en appartement jugent que leur logement est tout à fait adapté, contre 65 % de celles vivant en maison.

Statut de l’occupant

Les propriétaires notent également plus généreusement leur logement en cette période de confinement (7,3/10) par rapport aux locataires (6 en moyenne et 5,7 pour les locataires de logements sociaux).

 

Revenus

L’appréciation de son logement en cette période de confinement est également strictement corrélée au revenu.

Ancienneté du logement

Les Français habitant des logements récents (moins de 10 ans), de meilleure qualité que leurs aînés, ont également bien mieux vécu la vie en confinement. On constate également  un net « trou » de qualité entre 1900 et 1980, phénomène déjà observé dans le baromètre Qualitel 2017.

Logements certifiés

Tous critères confondus, le fait de bénéficier d’un logement certifié est celui qui impacte le plus fortement la qualité perçue de son logement.

 

Le vrai luxe, c’est l’espace

La surface du logement constitue l’un des critères les plus décisifs pour bien vivre le confinement (davantage encore que le niveau de revenus et à égalité avec le fait d’avoir un logement certifié).

Par ailleurs, les Français qui jugent leur logement inadapté au confinement l’expliquent principalement par le fait qu’il manque un espace extérieur (52 % de citations), que leur logement est trop petit (49 % de citations), ou qu’il manque une pièce pour s’isoler (33 %). Autant d’éléments liés au manque d’espace, les autres items arrivant loin derrière.

Pour quelle raison votre logement n’est-il pas adapté au confinement selon vous ?

Il n’y a pas d’espaces extérieurs (balcon, terrasse, jardin…)52%
Il est trop petit, vous êtes à l’étroit49%
Il n’y a pas de pièce pour s’isoler (pour être seul, travailler…)33%
Il est trop proche des logements voisins21%
Vous n’avez pas de bonne connexion Internet18%
Il ne vous permet pas de stocker assez de nourriture17%
Il n’est pas assez bien équipé14%
Il est trop éloigné des commerces de première nécessité14%
Il est trop éloigné des centres médicaux et hôpitaux12%

Le grand confinement de 2020 pourrait marquer un tournant dans cette « conquête de l’espace ».

Ainsi 38 % des habitants d’appartements affirment que cette période leur a donné envie de déménager, soit un chiffre 3 fois plus élevé que les habitants de maison ( !).

C’est le cas aussi de 31 % des habitants de l’agglomération parisienne, qui sont bien plus nombreux que les résidents des villes moyennes (21 %) à émettre le souhait de déménager.

41 % des personnes ayant des enfants en bas âge souhaitent également déménager à l’issue de ce confinement. Elles ont, davantage que les autres, souffert de la promiscuité et du manque d’espace pendant le confinement. Elles ont par exemple éprouvé plus de difficultés pour télétravailler : 47 % d’entre elles jugent que leur logement ne s’y prête pas contre 34 % en moyenne pour les Français actifs. 51 % avouent aussi avoir connu des tensions à la maison (contre 37 % pour les foyers sans enfants). Des difficultés qui ont été anticipées par certains jeunes parents : ainsi les familles avec enfants en bas âge ont été deux fois plus nombreuses que la moyenne des Français à quitter leur logement pour passer le confinement ailleurs (11 % contre 6 %).

94 % des Français ont choisi de se confiner chez eux. Et pour les 6 % de Français qui ont bougé pour se confiner dans un autre logement, la première motivation n’était ni la recherche d’espace ni la fuite de la densité urbaine, mais le fait de retrouver leurs proches et leur famille : c’est la première raison évoquée (52 % de citations) devant le fait de profiter d’espaces extérieurs (35 %) ou d’un logement plus grand (29 %). À noter également parmi les raisons évoquées : la recherche d’une meilleure connexion internet (à 14 %).

Le portrait type des Français qui ont quitté leur logement pour le confinement recoupe largement celui décrit plus haut : parmi les 6 % de Français ayant quitté leur domicile, on trouve à nouveau une sur proportion de jeunes de – de 25 ans (22 %), de personnes occupant un studio (20 %) ou ayant des enfants en bas âge (11 %) et de personnes à faibles revenus (13 %), lesquelles sont deux fois plus souvent parties de chez elles que celles disposant de revenus supérieurs à 3 000 €.

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