La mesure phare du programme en faveur du logement
QUALITEL : Le logement n’est pas seulement le premier poste de dépense des ménages des Français, il est aussi un des marqueurs des inégalités et la crise sanitaire en a été un bon révélateur. Pourtant, il n’est pas très présent dans cette campagne présidentielle (mais également dans les précédentes). Quelle est la mesure phare de votre programme en faveur du logement ?
Marine Le Pen : Vous avez raison de rappeler que le logement est le premier poste de dépense des ménages français et ce bien avant la flambée des prix de l’énergie. La situation devient financièrement et socialement insupportable pour un grand nombre de nos compatriotes et pourtant, aucun gouvernement ces dernières années n’a pris la mesure du problème. Aujourd’hui, des jeunes salariés ou des ménages français n’ont plus accès à un logement social ou doivent attendre des années pour espérer y avoir droit. Ma mesure phare sera de renverser la table pour revenir à du bon sens. Je garantirai la priorité nationale d’accès au logement social et pour obtenir des résultats rapidement. C’est une mesure à la fois sociale, sociétale et économique. Les logements sociaux doivent retrouver leur valeur originelle, à savoir loger les salariés de la première ligne au plus près de leur emploi ! Nous construirons massivement des logements sociaux, avec une priorité nationale dans l’occupation de ceux-ci, dont 100 000 par an qui seront réservés aux étudiants et aux jeunes.
La rénovation énergétique
QUALITEL : La rénovation énergétique des logements est un prérequis essentiel à l’atteinte de la neutralité carbone à l’horizon 2050 mais également au maintien du pouvoir d’achat de nombreux Français. En parallèle, plus de 80 % des logements de 2050 sont d’ores et déjà construits. Quels leviers seront mis en place pour soutenir une rénovation appropriée des logements ?
Marine Le Pen : Répondre massivement et rapidement à l’enjeu de la rénovation énergétique des logements est essentiel car cela permet d’une part, de baisser la facture énergétique des Français et leur redonner du pouvoir d’achat, d’autre part de soutenir les petites entreprises françaises qui réalisent des travaux et ainsi créer de l’emploi tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. En parallèle, nous mettrons en place une TVA à 5,5 % contre 20 % actuellement sur l’énergie. Je considère qu’il s’agit d’un bien de première nécessité. L’argent ainsi dégagé donnera du pouvoir d’achat aux Français et pourra, s’ils le souhaitent, agir sur l’isolement de leurs logements.
Sur ce sujet, comme sur tant d’autres, Emmanuel Macron gesticule, s’agite et fait beaucoup d’annonces. La réalité c’est que de nombreux Français qui sont éligibles à ces aides, et qui souhaitent réaliser ces travaux, n’y arrivent pas car la lourdeur administrative et les différents dispositifs sont de véritables usines à gaz et les découragent de toutes initiatives en ce sens. Il y a urgence : il faudra investir massivement dans ces travaux et surtout simplifier les démarches ou mieux accompagner nos concitoyens.
Enfin, je mettrai en place un plan de lutte contre la désertification des centres-villes, en particulier dans les zones rurales, avec le rachat par la personne publique des habitations vides dans les centres-villes et leur mise à disposition pour l’euro symbolique à de nouveaux propriétaires qui s’engageront à effectuer les travaux et conserver l’immeuble un certain nombre d’années. Il faut envisager ces mesures dans un projet global. En effet pour favoriser l’accessibilité au logement, je mettrai en place un prêt pouvant aller jusqu’à 100 000 euros pour les jeunes couples dont la moyenne d’âge est de moins de 30 ans, ce prêt se transformerait en subvention dès le 3ème enfant.
L'offre de logements face aux aspirations des Français
QUALITEL : Le constat est unanime sur le déficit fort de logements dans certains territoires ou sur l’inadéquation entre la nature de l’offre et les aspirations des Français. En tant que Présidente, quelles mesures prendrez-vous pour résoudre cette problématique ?
Marine Le Pen : Au rythme de la progression des prix de l’immobilier dans notre pays depuis des décennies, le logement est aujourd’hui un produit de luxe. C’est inacceptable car le logement est un bien indispensable, c’est le temple de la famille comme le disait Le Corbusier. Pour de nombreux Français, le rêve de devenir propriétaire et de sécuriser les siens s’éloigne un peu plus chaque jour. Avec la hausse récente des taux d’emprunt, cette fracture sociale va de nouveau s’agrandir. Je vois trois réponses majeures à cette situation : la construction de logements neufs dans les territoires sous tension, la réhabilitation massive des logements anciens. Enfin, nous aurons comme je l’ai dit plus haut une politique offensive pour construire un grand nombre de logements, établir une priorité nationale dans l’attribution de logements sociaux et enfin aider à la réhabilitation des logements insalubres dans les centres-villes.
La qualité des logements en France
QUALITEL : On parle moins de la qualité des logements eux-mêmes, pourtant remise en exergue par la crise sanitaire qui a révélé des inégalités et de nouveaux besoins en termes de confort thermique, acoustique, qualité de l’air, superficie, agencement, luminosité… Concrètement, quelles mesures comptez-vous mettre en place pour permettre à chaque Français de vivre dans un logement répondant aux critères fondamentaux de qualité d’usage évoqués ci-dessus et en phase avec leurs attentes ?
Marine Le Pen : Vous l’aurez compris, en ce domaine, il y a une urgence à agir pour répondre à la détresse de nombreux Français qui aspirent tout simplement à trouver un logement. Pour autant, la construction et la réhabilitation massives des logements ne doit surtout pas entrainer une baisse de leur qualité. Les attentes des Français en matière de logement ne sont plus les mêmes aujourd’hui qu’il y a vingt ou trente ans. Les besoins sont aussi forts que dans les années 1970 mais ne reproduisons pas les erreurs d’hier. Les logements doivent répondre à des normes strictes de confort, d’isolation thermiques ainsi qu’aux nouveaux usages, qui ont été encore davantage révélés par la crise sanitaire que nous avons traversée. Nous avons également la ferme intention de lutter contre l’inflation normative en la matière qui plombe le domaine de la construction. Nous engagerons une grande réforme de simplification, c’est essentiel aussi bien en termes de qualité de vie que de pouvoir d’achat, plus il y a de normes, plus les coûts de constructions sont élevés. Pour faire cette révolution, il n’y a qu’une seule voie, il faut simplifier les règles d’urbanisme, réduire les délais d’instruction, limiter les recours ! Dans ce domaine, comme dans bien d’autres, il faut débureaucratiser la France. En moins de 20 ans, les délais de production des logements ont doublé. Est-ce vraiment raisonnable quand tant de nos compatriotes souffrent de leurs conditions de vie ?
Pour garantir la neutralité de sa démarche, l’Association QUALITEL a sollicité et relancé tous les candidats selon la même procédure : questionnaire identique et même nombre de signes maximum. QUALITEL s’engage à publier l’ensemble des réponses reçues d’ici le 8 avril.