Le confort acoustique, un défi à relever pour améliorer la qualité de vie dans les logements

Nicolas BALANANT, Responsable activité acoustique au sein de la Direction des Études et Recherche, nous explique les enjeux de l’acoustique dans la qualité de l’habitat.

Quels sont les enjeux liés à l'acoustique dans le bâtiment pour les particuliers  ?

D’après le baromètre Qualitel 2017, près de la moitié des Français disent avoir déjà vécu des tensions avec leurs voisins pour des questions de bruit. Il y a donc un véritable enjeu social, en particulier dans les logements anciens, qui sont souvent mal isolés et où l’on entend tout.

Le bruit peut ainsi vite devenir insupportable et être à l’origine de stress. Mais les nuisances sonores ont également un impact sur la santé  ! Quand on est régulièrement exposé aux bruits du trafic routier, des avions, du voisinage… l’impact existe, même si les bruits ne sont pas élevés. Ainsi, même si vous n’êtes pas réveillés la nuit, les bruits nocturnes peuvent modifier la qualité de votre sommeil, ce qui peut augmenter le risque de développer certaines maladies.

Et pour les professionnels  ?

Du point de vue des professionnels de la construction, l’enjeu principal est de respecter les exigences réglementaires en matière d’acoustique. Ce sujet peut en effet être « négligé » dans le bâtiment, en raison du manque de formation des professionnels, mais aussi à cause de l’insuffisance de moyens. L’acoustique est un domaine contraignant car les exigences sont exprimées en objectifs de résultats et non de moyens, et ces résultats dépendent de la mise en œuvre de plusieurs corps de métiers.

Un autre enjeu pour les professionnels est de pouvoir suivre les évolutions des techniques liées aux nouvelles réglementations dans d’autres domaines, en particulier sur le volet « énergétique », avec l’isolation des murs ou les nouveaux équipements mis en œuvre, et bientôt sur l’angle environnemental avec le développement du bois dans la construction.

Que couvre la réglementation française ?

La réglementation acoustique française s’intéresse à des sources multiples de bruit  : bruits aériens extérieurs (trafic routier, ferroviaire, aérien…) et intérieurs (radio, télévision, conversation…), bruits de choc ou d’impact (pas, chutes d’objet…), bruits générés par les équipements individuels et collectifs (vibrations des ascenseurs, robinetterie, ventilation, chauffage…), et la réverbération des parties communes (conversations, allers et venues, fermeture des portes…). Si elle englobe aujourd’hui la plupart des bruits de la vie quotidienne dans un logement, elle ne tient pas encore compte des «  basses fréquences  » (enfants qui courent ou sautent, systèmes hifi…), qui peuvent pourtant être à l’origine de nuisances réelles.

Pouvez-vous nous présenter comment celle-ci a évolué  ?

En 1955, un premier décret impose aux nouveaux logements une isolation acoustique «  suffisante  ». Avec un terme aussi flou, il était indispensable de préciser cette exigence avec des critères quantifiables et il a fallu attendre 1969 pour la première «  vraie  » réglementation sur l’acoustique. Celle-ci fixe des valeurs minimales d’isolation acoustique entre logements et des valeurs maximales pour les bruits de chocs et d’équipements. Cette réglementation était nécessaire pour que la qualité des logements s’améliore, en particulier en réponse à la construction d’après-guerre, qui s’est faite rapidement et à bas coûts, en négligeant certains aspects essentiels de qualité de l’habitat, dont l’acoustique. Les exigences ont été un peu renforcées en 1994, passant de 3 à 5 décibels pour les isolements aux bruits de chocs et aériens. Les logements construits à l’heure actuelle dépendent toujours de cette réglementation.

Nos voisins européens tels que l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Autriche ou encore les pays nordiques ont tous des réglementations acoustiques bien plus contraignantes que la nôtre, en particulier concernant les bruits de chocs où la France a du retard.

QUALITEL mène des études sur ce sujet, pouvez-vous nous les présenter  ?

QUALITEL mène des programmes de recherche sur l’acoustique, pour mieux comprendre le ressenti des occupants ou pour déterminer les enjeux liés aux évolutions des techniques et modes constructifs ou aux nouveaux types de bruits qui peuvent émerger. Ils ont pour objectif de mieux connaître l’acoustique dans les bâtiments de logements collectifs neufs ou existants, les constructions à ossatures bois, sur le sujet des basses fréquences… Ces études sont basées sur des enquêtes de satisfaction et/ou sur des mesures réalisées au moyen d’un sonomètre, d’une machine à chocs et d’un ballon d’impact.

Le programme ACOUBOIS par exemple, mené avec le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) et l’institut technologique FCBA, a ainsi permis d’élaborer des méthodes de prévision acoustique des bâtiments à ossatures bois, avec un certain nombre d’exemples de solutions acoustiques.

Dans le cadre de ces études, vous menez des enquêtes de satisfaction auprès des occupants et des mesures acoustiques. Qu’en ressort-il  ?

En acoustique, la notion de sensibilité de chaque personne étant déterminante, il est essentiel de compléter les mesures acoustiques par des enquêtes de satisfaction auprès des occupants. Il est étonnant de constater que quel que soit le type de bâtiment, neuf, ancien, bois, béton… la principale source d’insatisfaction pour les occupants concerne les bruits de chocs, en particulier les bruits de pas. Puis viennent les bruits provenant des circulations communes et des cages d’escalier, lorsque les personnes entrent et sortent de chez elles  : conversations, portes qui claquent…

Nous pouvons également comparer le ressenti des occupants entre différents bâtiments, par exemple, entre des bâtiments en structure béton et des bâtiments à ossatures bois et constater l’importance des bruits en basses fréquences (enfants qui courent ou sautent, systèmes hifi…)  dans ces 2 types de construction.

Enfin, il ressort parfois que les propriétaires sont souvent déçus de l’acoustique de leur logement neuf car ils ne s’attendent pas à ce qu’on puisse encore entendre son voisin. Il est primordial aujourd’hui de viser des logements confortables d’un point de vue acoustique, où l’on est isolé des bruits extérieurs et des bruits intérieurs, qu’ils viennent des équipements ou des voisins.

Quel est le rôle et l’intérêt de la certification délivrée par CERQUAL QUALITEL Certification  ?

Dès sa création en 1974, l’Association QUALITEL a placé le confort acoustique parmi les caractéristiques essentielles de la qualité d’un logement. Ainsi, un guide a été élaboré pour s’assurer que l’acoustique est bien prise en compte dans la conception de tous les projets, en analysant la combinaison des planchers, murs, revêtements de sols et de murs… Ce guide technique, référence de l’acoustique du logement s’intitule aujourd’hui le Référentiel Qualitel Acoustique.

Le référentiel NF Habitat – NF Habitat HQE, certification délivrée par CERQUAL Qualitel Certification, contient des exigences concernant l’isolation acoustique, et inclut des critères sur les bruits de chocs et les bruits des circulations communes, qui sont les problématiques prioritaires relevées dans les enquêtes de satisfaction. Les niveaux d’entrée de la certification correspondent souvent à la réglementation, mais nous proposons des niveaux plus performants sur toutes les thématiques liées à l’acoustique. La certification vise ainsi depuis plus de 40 ans à accompagner les professionnels, à valoriser les pratiques innovantes et ainsi à améliorer la qualité acoustique des bâtiments.

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