En quoi le secteur du bâtiment est-il concerné par le changement climatique ?
Le changement climatique affecte le bâtiment à double titre :
- d’une part, les étés plus chauds et les hivers plus doux modifient les consommations énergétiques des habitants (avec plus de climatisation et moins de chauffage par exemple) ;
- d’autre part, la multiplication des phénomènes extrêmes (canicules, inondations, épisodes de froid ou de neige…) qui impactent les bâtiments et donc les conditions de confort des habitants, voire leur sécurité et leur santé.
Les canicules par exemple, plus fréquentes ces dernières années, mettent le confort thermique à rude épreuve. Dans certains bâtiments, les occupants ont de grandes difficultés pour rafraîchir leur logement et subissent des températures qui restent très élevées même la nuit, avec des conséquences sur leur santé. Ainsi, ils se préoccupent de plus en plus de ces questions et souhaitent vivre dans des logements leur permettant de ne pas subir ces nuisances.
Qu'est-ce que la résilience ?
La résilience désigne la capacité à absorber un événement extrême et à « rebondir ». Appliqué aux bâtiments, on parle de leur capacité à faire face à des crises (canicules, sécheresses, inondations…) et à reprendre un fonctionnement normal le plus rapidement possible, en ayant « appris » comment mieux se comporter lors de la prochaine crise. Avec le réchauffement climatique, la fréquence et/ou l’intensité de ces crises a tendance à augmenter. Bien sûr, ça n’est pas le bâtiment lui-même qui porte uniquement cette résilience, ce sont aussi les équipes qui assurent sa gestion ainsi que les habitants.
Il s’agit en fait de gestion des risques naturels ?
La résilience se base sur une bonne connaissance des risques qui existent autour d’un bâtiment. Elle implique également la mise en place de stratégies qui permettent de minimiser les dégâts et d’assurer la continuité du fonctionnement du bâtiment. Mais elle va plus loin en recherchant la capacité à s’adapter à des situations non identifiées au préalable.
Pouvez-vous nous présenter des exemples de solutions pour adapter les bâtiments aux différents aléas climatiques ?
Pour se protéger des inondations, une stratégie globale doit être déterminée.
- « Céder » : le bâtiment laisse l’eau rentrer, sur un niveau où les dégâts seront faibles, voire nuls. Il est par exemple possible d’installer les équipements techniques au-dessus du niveau d’eau le plus élevé constaté, dans la zone concernée, pour qu’ils ne soient pas endommagés par une éventuelle inondation. Il est aussi possible de prévoir un niveau « inondable » au rez-de-chaussée. Ce niveau ne comporte pas de logement mais des installations, équipements, espaces communs…, avec des revêtements étanches. Il sera ainsi plus facile à remettre en service après une inondation.
- « Éviter » : le bâtiment est conçu pour ne pas être touché par l’inondation. La seule solution existante aujourd’hui est de surélever le bâtiment sur une structure porteuse (construction sur pilotis par exemple).
- « Résister » : le bâtiment empêche l’eau de rentrer. C’est la solution la plus risquée aujourd’hui, mise en œuvre lorsqu’il n’y a pas d’autre choix. Elle est ainsi réservée aux bâtiments existants. C’est un ensemble qui comprend des dispositions :
- temporaires : l’obturation des ouvertures, la mise en place de batardeaux ou de barrières mobiles, sacs de sable ;
- et/ou permanents : occultation des voies pénétrantes (boucher les éventuels trous dans les murs qui donnent sur l’extérieur), murets.
Pour la canicule, les solutions visent à limiter le phénomène de concentration de chaleur autour du bâtiment.
Le simple fait de prévoir des volets aux fenêtres ou de végétaliser les abords des bâtiments permet d’apporter de la fraîcheur. Les constructeurs peuvent également s’inspirer des modes de construction traditionnels des régions les plus chaudes, habituées à faire face à ce type de climat.
Par ailleurs, tout ce qui concourt à rendre le bâtiment autonome pendant quelques jours renforce sa résilience. La mise en place de réserves d’eau sur un bâtiment ou de panneaux photovoltaïques avec une possibilité d’autoconsommation sont deux actions qui permettent d’anticiper une éventuelle déconnexion des réseaux d’eau ou d’électricité.
Peut-on s'inspirer des retours d'expérience d'autres pays ?
Plusieurs villes commencent à mettre en place une stratégie de résilience, face au changement climatique mais aussi, plus largement, de résilience sociale ou économique. La Fondation Rockefeller a lancé une initiative nommée 100 Resilient Cities qui rassemble 100 villes, dont Paris, qui souhaitent s’engager dans ce sujet. La plateforme associée permet de mettre en relation toutes les initiatives et de montrer les bonnes pratiques. Ainsi, Boston a lancé une réflexion, en associant les habitants, sur sa stratégie notamment par rapport à la montée des eaux et aux ouragans.
Le Québec a lui aussi développé une stratégie d’adaptation au changement climatique, qui va au-delà de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et qui traite par exemple de la végétalisation des zones urbaines.
En quoi la certification peut accompagner les acteurs du secteur pour viser des bâtiments résilients ?
La certification NF Habitat apporte en premier lieu des éléments de pédagogie sur ce thème. Elle fournit les informations essentielles sur le concept aux maîtres d’ouvrage et les aide à prendre les bonnes décisions.
L’outil Résilience développé par CERQUAL Qualitel Certification permet à un maître d’ouvrage de :
- recenser les risques naturels auxquels une opération peut être soumise ;
- prioriser ces risques ;
- mettre en place des actions pour réduire l’impact de ces risques.
L’objectif est de faire émerger cette préoccupation chez les maîtres d’ouvrage et de les sensibiliser aux phénomènes liés au changement climatique. Étant donné la durée de vie longue des bâtiments, il est essentiel que ce sujet soit pris en compte dès maintenant, car ses répercussions vont devenir de plus en plus importantes.
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