Logement : peut-on joindre le durable à l’agréable ?
75 % des Français ont à coeur d’avoir un logement plus respectueux de l’environnement. L’opinion a saisi l’importance de limiter sa consommation d’énergie, et plus largement, « d’habiter durable ». Le gain, pour la planète, mais aussi pour le confort au quotidien, est globalement perçu et compris. Pourtant, certains critères qui contribuent très concrètement à rendre le logement plus durable restent encore secondaires pour les Français.
Focus sur les grands enseignements de cette étude d’envergure, qui met en évidence à la fois les bénéfices du logement « vert », tels que perçus par les 4 500 Français interrogés, en termes d’environnement et de qualité de vie, mais aussi les domaines d’actions qui restent, en la matière, à expliquer et renforcer.
Le Baromètre annuel Qualitel-Ipsos évalue depuis 2017 la qualité des logements telle qu’elle est perçue par les Français. L’édition 2021 est réalisée en partenariat avec l’Anah.
Nous avons pu mesurer à grande échelle les gains significatifs de confort de vie qu’apportent les logements durables
Une large et vertueuse prise de conscience mais…
Le logement, levier essentiel de la transition écologique. Conscients que la transition environnementale passe par les comportements individuels, les Français considèrent le logement comme un champ d’action déterminant : dans le top-6 des « éco-gestes » à adopter, deux concernent l’habitat : réduire la consommation d’énergie (67 %) et limiter la consommation d’eau (42 %) chez soi.
Ainsi, loin de l’effet de mode, le logement durable est perçu comme essentiel par une large majorité de Français. 75 % d’entre eux ont à cœur d’habiter une maison ou un appartement respectueux de l’environnement. Pourtant, lorsqu’on leur précise la définition de l’habitat durable, c’est-à-dire « un lieu respectueux de l’environnement, préservant la qualité de vie et le bien-être de ses occupants, où les coûts de construction et d’usage sont maîtrisés », seuls 30 % estiment qu’ils vivent actuellement dans un tel logement.
Les jeunes générations sont les plus disposées à changer leur façon d’habiter : la moitié des 18-34 ans serait même prête à payer un peu plus cher pour un logement plus durable (contre 31 % des plus de 60 ans).
Une sensibilité à « l’habiter durable » croissante, mais ne constituant pas encore un critère d’achat ou de location décisif, toutes générations confondues. Le respect de l’environnement n’a été un critère de choix que pour 4 % des sondés, loin derrière le classique triptyque localisation (64 %), prix (54 %), surface (42 %).
Le logement durable vu par les Français : des éclairages encore nécessaires
Aux yeux des Français, le logement durable est d’abord et avant tout assimilé aux économies d’énergie, signe que les politiques publiques en la matière ont porté leurs fruits.
Toutefois, d’autres éléments tels la préservation de la biodiversité ou l’accès aux transports, sont jugés plus secondaires. Seuls 17 % des Français jugent que la proximité des infrastructures (transports en commun, commerces, écoles, travail) est un critère indispensable au logement durable, alors même que les transports, a fortiori individuels, sont le premier poste d’émissions des gaz à effet de serre (source : Ministère de la Transition Écologique et Solidaire). Signe que la notion de logement durable est encore loin de prendre en compte les éléments extrinsèques au logement.
On observe un certain décalage entre l’impact environnemental réel d’un équipement et son importance aux yeux des Français. Par exemple, le bac de tri sélectif arrive en tête des équipements jugés indispensables au logement durable (pour 41 % des Français) loin devant la pompe à chaleur (14 %) ou la présence d’un panneau solaire/éolienne (17 %), contribuant pourtant tout autant à la préservation de l’environnement.
Ces quelques décalages de perceptions plaident pour plus de pédagogie autour de l’ensemble des actions qui rendent un logement réellement durable.
Les atouts des logements durables : au-delà du respect de l’environnement, un gain de confort de vie largement constaté
Avec un échantillon représentatif de 4 500 Français, le Baromètre QUALITEL propose un comparatif inédit des bénéfices entre les logements perçus comme durables par leurs habitants et les logements non durables.
- Le logement durable ne suppose aucun « sacrifice » sur le plan du confort de vie, bien au contraire : il obtient une note de qualité globale de 7,9/10 contre 5,6/10 pour le non durable (indice Qualiscore, sur la base de 17 critères).
- Il est perçu comme avantageux sur le plan économique (82 % des occupants de logements durables sont satisfaits du coût du logement hors loyer/emprunt VS. 54 % dans le non durable) d’autant plus que les Français pronostiquent majoritairement (62 %) la mise en place de malus écologiques sur les logements non durables.
- Il procure un bénéfice immatériel à ses habitants – un sentiment de fierté : 96 % des occupants de logements durables s’estiment fiers de leur logement, contre 69 % des occupants de logements non durables.
Les logements répondant à un cahier des charges environnemental exigeant sont jugés plus confortables par leurs habitants, quels que soient les critères (niveau d’humidité, isolation acoustique, etc.). 45 % des occupants de logements de moins de 10 ans certifiés par QUALITEL sont très satisfaits du confort thermique contre 25 % des occupants de logements tout aussi récents, mais non certifiés.
Et l’existant n’est pas en reste : la rénovation a elle aussi des effets significatifs sur le caractère durable du logement et sur le confort de vie. 40 % des propriétaires qui ont réalisé des travaux avec l’Anah considèrent leur logement comme durable (VS. 30 % pour la moyenne des Français).
L’enjeu est de réussir à massifier les rénovations énergétiques des logements
Le logement à l’aube de grands bouleversements
Les Français anticipent une évolution significative de la réglementation, à moyen terme. Une large majorité de la population (61 %) pense probable que d’ici 10 ans, il y ait obligation de rénover son logement s’il ne respecte pas certains critères.
Les plus jeunes sont les plus convaincus des changements majeurs dans les 10 ans à venir : la majorité des 18-35 ans (56 %) juge probable que d’ici 10 ans, tous les logements neufs soient autonomes en énergie (contre 43 % des plus de 60 ans).
Contre l’étalement urbain, une majorité de Français plaide pour plus de densité. 56 % préfèrent qu’on construise « à la verticale, quitte à avoir des bâtiments plus hauts », alors que 44 % préféreraient « construire à l’horizontale en étalant la ville, quitte à diminuer la superficie des sols naturels ou agricoles ». Les moins de 35 ans expriment un avis plus tranché contre l’artificialisation des sols : ils sont 64 % à privilégier la densité.