Construisons et rénovons des bâtiments résilients pour demain

À l’heure du réchauffement climatique, il est essentiel d’intégrer davantage la résilience aux projets de construction et de rénovation des logements. Il y va de la pérennité des bâtiments, de la sécurité et du confort des habitants. Le point de vue de Bertrand Delcambre, président de l’Association QUALITEL.

Ces dernières années, les catastrophes naturelles se sont multipliéesen France  : canicules et inondations plus fortes ou plus fréquentes, tornades, cyclones, tsunamis, tempêtes et épisodes de grêle plus soudains. En témoignent la tornade classée EF2 ayant frappé l’île d’Oléron le 23 septembre 2020 avec des dégâts matériels considérables ou le séisme du Teil du 11 novembre 2019, de magnitude 5, ayant rendu plusieurs centaines de logements inhabitables en Ardèche.

Autres événements notables : les épisodes de sécheresse enregistrés chaque année depuis 2015, qui provoquent des mouvements de terrain fragilisant les fondations des bâtiments, et les inondations dévastatrices comme celles d’octobre 2020, suite au passage de la tempête Alex, lors desquelles 500 mm de précipitations se sont déversées dans les Alpes Maritimes, entraînant inondations brutales et glissements de terrain et provoquant plus de 200 millions d’euros de dommages matériels.

Force est de constater que ces événements extrêmes et leur récurrence croissante causent la dégradation prématurée des bâtiments et sont susceptibles de mettre en danger leurs occupants.  

Rendre les habitations plus résilientes devient urgent

Au-delà de la nécessité de réduire limpact environnemental et les émissions de gaz à effet de serre des bâtiments à l’origine du réchauffement climatique et de l’accélération des catastrophes naturelles, il faut désormais construire et rénover des logements pouvant s’adapter à des événements dont la nature, la fréquence et l’ampleur sont imprévisibles. En effet, les bâtiments doivent traverser plusieurs décennies et seront donc soumis à des conditions climatiques futures difficiles à anticiper mais qui s’annoncent a priori plus sévères. 

Appliquer la résilience aux logements, c’est trouver des moyens adaptés leur permettant de fonctionner correctement lorsque ceux-ci sont exposés à des aléas climatiques qui peuvent être extrêmes, notamment grâce à des solutions techniques, un positionnement optimisé des équipements, un choix des matériaux adéquat : 

  • La stratégie à adopter face aux inondations peut par exemple être améliorée au fil du temps en choisissant des matériaux résistants à l’eau sur les étages concernés et en réfléchissant au meilleur positionnement des équipements ;
  • La rupture d’approvisionnement en électricité du fait d’une tempête peut être anticipée avec la mise à disposition d’équipements fournissant une électricité locale ;
  • Les effets du réchauffement climatique et des canicules plus fréquentes et intenses peuvent être atténués en ajoutant des volets ou des masques sur les façades, etc.  

L’objectif est de faire évoluer et adapter les bâtiments au fil des crises qu’ils subissent. En effet, la notion de résilience englobe à la fois la capacité à faire face à des crises extrêmes et la capacité à rebondir tout en tirant des enseignements pour mieux gérer les crises suivantes. 

La résilience : une prise de conscience amorcée

Il est de la responsabilité de tous les acteurs de se mobiliser pour mieux anticiper les risques qui pèsent sur les bâtiments et leurs habitants. Prenons conscience dès maintenant de la nécessité de prendre en compte la capacité de résilience des bâtiments face aux aléas climatiques, en construction comme en rénovation. Il y a urgence à sensibiliser, informer et former les acteurs sur ce sujet.  

Une première étape a été franchie avec la mise en application, depuis le 1er janvier 2020, de l’article 68 de la loi ELAN portant sur la prévention des risques de mouvement de terrain consécutif à la sécheresse et à la réhydratation des sols. La réalisation d’une étude géotechnique préalable pour les terrains constructibles situés dans les zones classées en exposition moyenne ou forte au retrait et gonflement des argiles est désormais obligatoire. Autre bonne nouvelle : le thème de la résilience est également au cœur du projet de loi « Climat et résilience » actuellement en débat au Parlement, illustrant la volonté des politiques de s’approprier et de mettre en œuvre les solutions pour construire et rénover des bâtiments résilients. Regrettons toutefois que les intentions du projet actuel restent plutôt minimales au regard de l’enjeu. 

Pour répondre à ce défi de taille, QUALITEL a introduit dès février 2018 des exigences en matière de résilience dans son référentiel de certification NF Habitat – NF Habitat HQE. Une rubrique dédiée met en avant la nécessité d’informer les habitants sur la conduite à tenir en cas d’inondation, de tempête ou de canicule. Cette rubrique repose sur la prise en compte et la priorisation des risques liés aux aléas climatiques. Avec la certification, les professionnels bénéficient ainsi d’un outil pour proposer des logements assurant à la fois performance, protection et confort aux habitants, indépendamment des aléas climatiques.  

Rénover et construire aujourd’hui des bâtiments pour demain

Depuis plusieurs années, QUALITEL confirme son engagement en faveur des bâtiments responsables et résilients en accompagnant les maîtres d’ouvrage dès la conception de leurs opérations de construction ou de rénovation vers des choix durables.

Construire et rénover des logements en prenant en compte la résilience ne devrait effectivement pas se limiter à des techniques palliatives : pour agir sur les origines des catastrophes naturelles, il est essentiel de limiter le réchauffement climatique en réduisant l’empreinte carbone des bâtiments et en protégeant la biodiversité, deux combats portés en parallèle par QUALITEL. Pour ce faire, la priorité doit être mise sur la rénovation du parc de logements, sur la sobriété dans la façon de construire et de rénover ainsi que sur la lutte contre l’artificialisation et l’imperméabilisation des sols. Par exemple, face aux pluies diluviennes, il est essentiel de limiter l’étalement urbain et de conserver des espaces végétalisés ainsi que des sols naturels puisque l’eau y pénètre plus facilement et rapidement, diminuant l’ampleur des inondations. En créant des îlots de fraicheur, notamment des espaces verts et boisés, nous contribuons également à rendre les périodes de canicules plus supportables en ville. Dans la même veine, la future RE2020 proposera une nouvelle approche du confort estival en incitant les professionnels à concevoir des bâtiments qui résistent mieux à la chaleur et à prévoir des solutions de rafraîchissement passives, architecturales ou technologiques, comme rempart aux climatiseurs énergivores.  

La réflexion sur la résilience n’implique pas seulement des réponses techniques mais aussi des solutions environnementales et sociales. C’est le rôle de tous les acteurs du bâtiment de prendre part à ce nouveau défi, afin de rénover et de construire des bâtiments capables de traverser les siècles en toute sécurité, tout en offrant un confort optimal à ses habitants. 

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