QUALITEL vient de fêter ses 50 ans. Au regard de votre expérience d’élu et de ministre, quel regard portez-vous sur l’évolution de la qualité du logement en France ?
Les différentes normes et règlementations qui sont apparues ces dernières années ont considérablement amélioré la qualité du logement en France et notamment sur le plan énergétique. Ces progrès se traduisent concrètement par des habitations plus confortables, mieux isolées, et des factures énergétiques réduites.
La loi Élan de 2018 en est un bel exemple. Elle a joué un rôle crucial dans l’amélioration de la qualité de l’habitat en simplifiant les démarches liées à la construction et à la rénovation des logements, notamment pour les logements sociaux. Elle a également mis l’accent sur un aspect trop longtemps oublié du secteur, l’accessibilité. À présent, chaque individu, quels que soient son handicap ou sa mobilité, peut bénéficier d’un logement adapté à ses besoins.
À Meaux, par exemple, nous avons assisté à un changement de paradigme en termes de logement. Dans les années 1980/1990, la priorité était à la rénovation urbaine. Nous souhaitions unanimement démolir ces grandes tours, construites dans les années 1960, pour offrir une qualité de vie à nos habitants, en adéquation avec l’air du temps. Aujourd’hui, et même si nous continuons naturellement nos efforts sur ces programmes de rénovation, de nouvelles préoccupations sont peu à peu apparues, en même temps que les nouvelles normes. L’heure est à la rénovation des anciens immeubles, qui font partie de notre patrimoine, et qui ont besoin d’être remis aux normes écologiques, énergétiques et sécuritaires, notamment dans notre cœur de ville.
Quels sont les principaux besoins exprimés par vos administrés en matière d’habitat ? Leurs attentes ont-elles évolué ces dernières années ?
Le logement représente le premier poste de dépense des Français. Ils aspirent avant tout à un accès à des logements abordables et dignes, mais également à un cadre de vie répondant à diverses exigences de proximité, incluant des établissements scolaires, des infrastructures sportives et culturelles, ainsi que des commerces.
Pour répondre à ces attentes, nous ne devons pas seulement construire des bâtiments, mais des foyers où chaque individu se sent chez lui, en sécurité et en harmonie avec son environnement.
Quels leviers utilisez-vous pour répondre à ces demandes liées à la qualité et la durabilité des logements ? La certification est-elle un élément important ?
Notre agglomération du Pays de Meaux a mis en place le Programme Local de l’Habitat (PLH) qui inclut l’ensemble de la politique de l’habitat pour les 26 communes qui composent le Pays de Meaux. Le programme est décliné en 13 actions, sur les 6 prochaines années. Elles visent plusieurs thématiques comme l’amélioration de l’habitat, la lutte contre l’habitat dégradé, l’amélioration énergétique, les gens du voyage, l’accompagnement des ménages précaires, le permis de louer notamment.
Dans cette lignée, nous sommes résolument engagés dans la rénovation énergétique des logements anciens, mais aussi dans la préservation de notre patrimoine, notamment grâce aux différents dispositifs existants. Les récentes certifications imposées par la loi permettent de répondre aux besoins des habitants. J’aimerais citer quelques exemples :
- Depuis de nombreuses années déjà, nous avons mis en place, au niveau de l’agglomération du Pays de Meaux, l’Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat qui accompagne la rénovation thermique des logements. L’OPAH 2018-2024 a permis de rénover 800 logements sur toute l’agglomération. Grâce à celle-ci, nous avons soutenu des projets avec des gains énergétiques de 30 à 60% en moyenne. Afin d’être en parfaite adéquation avec les normes actuelles, seules les entreprises RGE sont éligibles dans le cadre de cette opération.
- En parallèle, nous avons lancé des Opérations de Restaurations Immobilières en cœur de ville. Plus de 100 immeubles de Meaux qui nécessitaient des travaux de rénovation importants ont bénéficié de ces restaurations. L’idée derrière ses actions est de permettre aux habitants de vivre dans un patrimoine remarquable tout en ayant le confort actuel.
Et parce que tous les quartiers de la ville bénéficient d’une même attention, j’ai fait de ma priorité la rénovation de notre centre-ville où plusieurs bâtiments ont montré des fragilités.
La ville a donc mis en place plusieurs mesures pour mettre un coup d’arrêt à cette dégradation. Avec l’aide des services de l’État, les services de la municipalité sont aujourd’hui pleinement mobilisés pour s’assurer de la qualité des immeubles, façades et intérieurs du quartier. Les promoteurs, propriétaires, locataires et commerçants de ces immeubles continuent d’être reçus par les services et les élus de manière individuelle et régulière. 245 immeubles du centre-ville ont récemment fait l’objet d’un contrôle afin de s’assurer qu’ils étaient équipés d’un réseau d’assainissement. Un travail de fond est également lancé avec les associations gérant des logements diffus pour s’assurer du bon déroulement de leur occupation et de la qualité des habitations quelles que soient les personnes qui y résident.
L’objectif de la ville est d’inciter fortement les propriétaires à rénover le maximum d’immeubles et d’enseignes dans les prochaines années pour que le centre-ville ne soit plus dévalorisé par quelques immeubles et comportements inacceptables.
La ville de Meaux veille également à la qualité des nouvelles constructions, abordables, écologiques et conformes à notre Plan Local d’Urbanisme (PLU). Ce dernier sera par ailleurs modifié cette année afin de répondre au mieux aux besoins et aux défis de demain. Il vise, notamment, à intégrer des espaces végétalisés dans les nouveaux projets, grâce à une charte de qualité des constructions neuves mise en place depuis 2021.
La rénovation urbaine est passée aussi par la création d’équipements de proximité, d’espaces verdoyants et d’installations sportives et culturelles modernes. Le Parc Chenonceau et l’Espace culturel Caravelle, situés dans nos quartiers prioritaires, en sont de formidables exemples. Ce dernier, symbole concret de notre politique culturelle, permet aujourd’hui à de nombreux enfants et parents de participer à des cours de nombreuses disciplines artistiques ou encore de se rendre à la bibliothèque. Le parc Chenonceau, véritable écrin de verdure, est devenu lui aussi un lieu important de la vie du quartier et de Meaux, des évènements culturels y étant régulièrement organisés.
Notre politique de sécurité ambitieuse, grâce au recrutement d’agents de la police municipale et l’installation de caméras de vidéo protection, a également montré des résultats spectaculaires : la délinquance a été divisée par deux, créant ainsi un environnement plus sûr et rassurant pour tous.
C’est la combinaison de toutes ces actions qui permet d’améliorer la vie quotidienne des habitants et de créer une nouvelle attractivité.
Depuis de nombreuses années, vous avez accompagné de grands projets de requalification urbaine à Meaux (ANRU). Qu’ont-ils apporté en matière de qualité de vie pour vos administrés ? Et quel programme immobilier remarquable en matière de qualité de l’habitat pourrait illustrer les ambitions de la ville de Meaux dans ce domaine ?
En 1995, lors de mon élection en tant que maire, j’ai décidé avec mon équipe municipale de lancer un grand projet pour revoir entièrement l’environnement urbain de la ville. Mon objectif était clair : faire de Meaux une ville rassemblée, sécurisée et moderne. Nous avons constitué un programme de renouvellement urbain pour transformer complètement les quartiers de Beauval et de la Pierre-Collinet. Sécurité, emploi, mobilité, égalité des chances, amélioration du cadre de vie, autant de sujets sur lesquels nous nous sommes mobilisés afin de rendre la ville plus agréable, plus sûre, et ce, quel que soit le quartier.
Partout où la rénovation urbaine a été réalisée, les tours de plus de quinze étages ont laissé place à des bâtiments à taille humaine avec des logements privés, en accession sociale ou HLM pour favoriser la mixité. Grâce au soutien de l’ANRU, ces démolitions ont été accélérées et nous ont permis de créer une rupture avec le modèle stigmatisant des Grands Ensembles, offrant un quartier et des logements plus adaptés aux habitants.
En complément des grands projets de requalification urbaine, nous avons lancé la réalisation de l’éco-quartier Foch-Roosevelt, labellisé par l’État et la Région en 2009. Ce projet a pour ambition de relier le centre-ville avec tous les quartiers de la ville afin de créer un vrai carrefour. Ce quartier qui s’étendra sur 160 ha, accueillera de nombreux logements et commerces.
Nous avons également lancé de nombreux projets immobiliers ces dernières années. Il existe une dynamique immobilière soutenue sur la ville de Meaux : 400 logements neufs sont livrés chaque année depuis plus de 10 ans et viennent ainsi remplacer les tours détruites.
La mobilisation des promoteurs et leur intérêt marqué pour le territoire sont une garantie essentielle de la poursuite de cette dynamique. Meaux est devenue progressivement une ville attractive au sein de la région Île-de-France, avec une gamme de biens immobiliers à des prix accessibles. La demande est telle que notre ville est désormais en mesure d’être sélective sur la qualité de promoteurs immobiliers, un critère que nous ne pouvions pas nous permettre il y a encore quelques années.
