L’Association QUALITEL fête ses 50 ans d’engagement pour la qualité du logement

[INTERVIEW] Depuis sa création en 1974, l’Association QUALITEL s’est imposée comme un acteur incontournable dans le paysage du logement en France. Tout au long de ce demi-siècle, QUALITEL a su évoluer en s’adaptant et en anticipant les grandes mutations du secteur. À l’occasion de son cinquantième anniversaire, Antoine DESBARRIERES, Directeur de l’Association QUALITEL, revient sur ce parcours remarquable, marqué par un engagement sans faille en faveur de la qualité de l’habitat.

Pouvez-vous revenir sur la genèse de l’Association QUALITEL ?

Le début des années 70 est marqué par le 1er choc pétrolier, qui entraîne une crise énergétique et le début d’une prise de conscience de l’importance de la performance énergétique des bâtiments. C’est ainsi que se développent les réglementations, et qu’est lancée en avril 1974, la première Réglementation Thermique, qui marque un tournant majeur dans le secteur du logement.

C’est dans ce contexte qu’est créée, sous l’impulsion de l’Etat, l’Association QUALITEL (Association pour la Qualité du Logement). Sa mission principale consiste à mettre en œuvre une méthode d’évaluation de la qualité globale pour le logement social. Cette méthode, définie par le Ministère en charge du Logement, devient en 1975 la « Méthode Qualitel » et intègre alors 18 rubriques lui permettant d’évaluer la qualité sur plusieurs critères.

La Méthode Qualitel évolue au fil du temps et devient, en 1984, le « Label Qualitel ». Celui-ci est délivré pour les projets de construction dont les porteurs, bailleurs sociaux ou promoteurs immobiliers, souhaitent en faire reconnaître la qualité supérieure et apporter un repère de confiance aux habitants. Depuis, ce label n’a cessé d’évoluer et de s’adapter aux mutations de l’habitat, jusqu’à devenir la certification NF Habitat, portée par l’Association QUALITEL depuis 2015.

Les années 90 ont été marquées par l’émergence du concept de « bâtiment durable ». Comment l’Association QUALITEL s’est-elle emparée de ce sujet ?

On a assisté à une prise de conscience de l’impact environnemental des bâtiments au sein des sphères institutionnelles, politiques et des organismes de recherche. Dans ce contexte, QUALITEL lance, dès 1995, des travaux pour intégrer des critères environnementaux dans ses référentiels. Cette démarche singulière a permis d’aider les professionnels à améliorer la performance de leurs constructions dans ce domaine.

En 2003, a été lancée la première certification environnementale du logement, à partir des travaux de l’Association HQE. Les professionnels engagés étaient alors pionniers d’une approche plus vertueuse pour l’environnement, bénéficiant d’une longueur d’avance sur les réglementations à venir.

Vote de la loi de Décentralisation, réduction des émissions de gaz à effet de serre, rénovation énergétique… De nouveaux enjeux ont émergé au cours des années 2000. Comment l’Association QUALITEL a-t-elle répondu à ces nouveaux objectifs ?

La loi de Décentralisation, votée à l’orée des années 2000, a marqué un tournant dans la politique du logement dès 2003. Cette loi prévoyait un basculement de la gestion des financements publics de l’Etat vers les collectivités territoriales, qui pouvaient alors définir leurs priorités en matière de logement. Pour répondre à leurs objectifs de qualité pour leur parc résidentiel, y compris en Outre-mer, elles se sont saisies de la certification.

Au cours de cette décennie, la France s’est engagée progressivement pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, ce qui s’est notamment traduit, dans le secteur de la construction, par de nouvelles réglementations thermiques. Pour aider les professionnels à anticiper ces nouvelles normes, QUALITEL a rapidement enrichi ses référentiels de certification. L’Association QUALITEL s’est par ailleurs emparée des enjeux de la construction bas carbone en favorisant des analyses sur le cycle de vie, en promouvant l’économie circulaire, et en accompagnant l’Etat sur la préparation et la mise en place de la RE2020. Elle est par ailleurs aujourd’hui moteur dans l’appropriation de la réglementation européenne sur la Taxinomie grâce à un profil dédié de certification.

Enfin, on assiste depuis quelques années à une volonté d’accélération et de massification de la rénovation énergétique du parc de logements existants. QUALITEL accompagne ces évolutions en développant des certifications dédiées qui permettent, au-delà de l’aspect énergétique, de s’assurer de la qualité globale des logements rénovés. En parallèle, des outils d’accompagnement sont mis à disposition des professionnels et du grand public (formation, supports d’informations, outils d’aide à la décision, etc.).

Quels sont les défis actuels et à venir pour la qualité du logement, mais aussi pour QUALITEL ?

Il y en a plusieurs, au-delà de ceux déjà évoqués. La transformation numérique en premier lieu. La numérisation, le logement connecté, mais aussi l’Intelligence Artificielle influent à la fois sur le confort, la sécurité et les modes de vie des habitants, mais aussi sur les pratiques des professionnels. QUALITEL accompagne cette évolution en proposant des solutions innovantes comme des applications collaboratives (BIM) destinées aux acteurs du logement, et en développant le Carnet d’Information du Logement CLÉA, qui permet d’informer et de sensibiliser les particuliers sur les enjeux liés à la qualité du logement.

Ensuite, face au défi du changement climatique, il est impératif de rendre les logements construits ou rénovés plus résilients afin d’assurer la pérennité des bâtiments, mais aussi la sécurité et le confort des habitants. L’Association a d’ailleurs intégré, dès 2018, des exigences en matière de résilience dans son référentiel de certification NF Habitat-NF Habitat HQE. Elle poursuit depuis ses travaux sur le sujet, en proposant notamment des solutions innovantes telles que  l’outil « Qualirésilience » pour aider les professionnels à relever ce défi majeur.

Enfin, le logement est le témoin majeur des évolutions démographique et sociétales. QUALITEL se positionne en tant qu’acteur clé pour accompagner ces évolutions comme :

  • Le vieillissement de la population : les travaux engagés par l’Association permettent de mieux mesurer et d’anticiper les incidences sur les logements, de favoriser le maintien à domicile en profitant de l’opportunité de la rénovation massive du parc existant.
  • Les nouveaux usages : les Français souhaitent que leur logement soit adapté et facilement modulable à leurs différents modes de vie. A travers le Baromètre QUALITEL, l’Association étudie chaque année ces nouveaux usages et ressentis pour mieux les prendre en compte et les partager avec la profession.

En quoi QUALITEL a une position unique dans le secteur du logement ?

Depuis 50 ans, l’Association QUALITEL s’engage activement en faveur de la qualité de l’habitat, en collaboration avec les professionnels, les collectivités et les particuliers. Son objectif est de faire de la qualité, une composante fondamentale de ce lieu de vie.

Pour cela, son statut d’association indépendante lui permet d’agir en totale impartialité, grâce à la représentativité de son conseil d’administration constitué de l’ensemble des parties prenantes du secteur (pouvoirs publics, professionnels et associations représentant les habitants). C’est cette organisation fondamentale, sans équivalent dans le monde, qui lui confère une position unique dans l’écosystème du logement.

Pour conclure, pouvez-vous décrire l’Association QUALITEL en quelques mots ?

L’Association QUALITEL, c’est la force et la richesse d’une intelligence collective, c’est l’intérêt général au bénéfice du plus grand nombre d’entre nous, et c’est enfin la perspective d’un mieux-vivre chez soi.

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