Dessine-moi un logement : Guillaume DUJON et Matthieu HACKENHEIMER, Architectes et urbanistes, co-fondateurs d’Architectes Singuliers

L’agence Architectes Singuliers accompagne le développement des Métropoles en imaginant des projets mixtes, des équipements et des projets urbains. Soucieux de porter des opérations innovantes qui favorisent la qualité de l’habitat et le bien-être des résidents, les co-fondateurs Guillaume Dujon et Matthieu Hackenheimer reviennent pour QUALITEL, sur les valeurs et les engagements qui guident leur travail d’architectes et urbanistes.

Comment définiriez-vous le logement idéal ? Quelles en sont les critères de qualité essentiels selon vous ?

Quelle que soit l’échelle du projet, notre travail de conception débute par une réflexion élargie, afin de tirer le meilleur parti des conditions du site et de permettre son intégration dans l’environnement naturel et urbain, dont chaque logement pourra ensuite profiter.

Le logement idéal ne se résume pas à une bonne configuration intérieure, cette ambition embrasse des notions essentielles comme le plaisir de rentrer chez soi, profiter d’espaces communs partagés ou encore inciter aux mobilités douces. Cette démarche repose sur notre aptitude à nous projeter dans les situations de vie des futurs habitants, avec bienveillance et empathie.

Quelles sont les principales demandes de vos clients en termes de qualité de logement ? Les choses ont-elles évolué ces dernières années ? Si oui, appréhendez-vous différemment la conception de vos projets ?

Grâce aux appels à projets innovants partout en France et à la suite de la crise sanitaire, une volonté commune s’impose pour concevoir le logement comme un cadre de vie élargi, basé sur une plus grande flexibilité d’aménagement pour permettre le télétravail et anticiper les évolutions de vie, ou encore sur la mutualisation avec des communs partagés.

Avec un coût croissant de la construction et des normes plus ambitieuses, agréger de nouvelles aspirations suppose une plus grande agilité pour rationaliser davantage ce qui n’est pas essentiel, au profit de ce qui est réellement utile et profitable à la ville et aux habitants.

Ces aspirations confortent notre ambition de penser des logements désirables et abordables.

Vous portez des opérations de renouvellement urbain partout en France, en privilégiant l’utilisation de matériaux biosourcés ou la construction bois. En quoi est-ce la garantie d’un habitat de qualité ? Quel(s) lien(s) faites-vous entre logement, logement de qualité et logement durable ?

Notre conviction chez Architectes Singuliers, c’est que le logement de qualité est celui qui apporte de l’agrément et du plaisir au quotidien à l’habitant. Outre les critères de qualité et de durabilité stricto sensu avec notamment l’utilisation de matériaux biosourcés ou la construction bois, nous sommes attachés à créer des conditions qui favorisent le bien-être et incitent aux comportements vertueux. Et ce, non seulement au bénéfice des résidents, mais aussi des riverains, à la faveur d’espaces flexibles et partagés avec l’ensemble du quartier.

L’urgence climatique nous engage collectivement à questionner nos pratiques et à promouvoir des dispositifs plus vertueux, dans une démarche holistique.

Tout axe d’amélioration est évidemment le bienvenu, mais à titre d’exemple, si pour de la maison individuelle on se focalise uniquement sur le mode constructif en délaissant la question de l’étalement urbain, dont le corollaire est l’éloignement des services publics et le recours quotidien à la voiture, les objectifs collectifs en matière d’environnement et de qualité de vie seront difficilement atteignables.

En tant qu’architectes et urbanistes, notre devoir et notre savoir-faire reposent sur une démarche volontariste pour aider nos maîtres d’ouvrage à bien mesurer le rapport effort/effet des orientations du projet et leur cohérence globale.

Ce point est essentiel car dans un contexte de hausse du coût de la construction, il donne au projet la garantie de tenir ses engagements, d’autant que les élus, les riverains et les futurs habitants y sont légitimement attentifs.

« Reconstruire l’existant » est devenu un enjeu majeur en matière d’urbanisme au regard de la rareté du foncier et de la loi ZAN. Quels sont les leviers pour améliorer la qualité des logements existants ?

La disponibilité du foncier et également la capacité à concrétiser les projets, est une problématique qui anime et mobilise l’ensemble des acteurs. Outre l’amélioration des logements existants, la loi ZAN incite à porter une attention accrue à des bâtiments nés dans une époque où les préoccupations étaient différentes, pour fabriquer la ville à partir de l’existant.

Ainsi, à Pontault-Combault, nous accompagnons Seqens dans le cadre de la réhabilitation des espaces communs et paysagers d’une résidence de 930 logements dont l’aménagement initial subissait la prédominance de la voiture, en portant aujourd’hui des enjeux de renaturation de la ville, de convivialité et de mobilités douces.

L’utilisation raisonnée de la ressource foncière permet aussi de donner une seconde vie aux bâtiments tertiaires en proche périphérie urbaine pour lesquels notre savoir-faire en matière de conception de logements se conjugue à l’agilité de devoir s’adapter aux structures existantes. La reconversion n’est pas toujours possible mais dans ce cas, il nous faut développer de solides atouts pour justifier le nouveau projet.

C’est le cas d’une barre de bureaux à Marseille pour laquelle ICADE nous avait initialement demandé de la reconvertir en logements. Cette barre extrêmement prégnante dans le paysage urbain, conjuguée à une forte imperméabilisation du site liée aux stationnements, nous a progressivement convaincus qu’une nouvelle histoire devrait être écrite.
Le projet de 173 logements dont le chantier démarrera en fin d’année, a permis de créer des îlots de fraîcheur en pleine terre et nous avons imaginé de nombreuses aménités culturelles et artistiques à l’usage de tout le quartier, tandis que le bâtiment existant fait l’objet d’un processus de recyclage et de réemploi avancé.

Ce projet a d’ailleurs été retenu pour illustrer la présentation de la nouvelle Charte de la Construction Durable de Marseille l’année dernière.

En tant qu’architecte et urbaniste, quel regard portez-vous sur la certification des logements ? Est-ce une garantie de leur qualité ? (Pouvez-vous nous citer un exemple d’opération remarquable certifiée que vous avez conçue ?)

En matière de certification, il y a deux manières d’aborder cette démarche. Subir et intégrer la contrainte ou saisir l’opportunité que les pratiques habituelles de chaque acteur (au premier rang desquels les architectes) puissent être challengées et encouragées à faire plus et mieux.

On peut donc se contenter de satisfaire un référentiel ou l’aborder comme une démarche d’amélioration pour valoriser des ambitions concrètes, compréhensibles de tous et communicables sur l’ensemble de la chaîne jusqu’au futur habitant. Nous nous inscrivons clairement dans cette deuxième démarche.

À titre d’exemple, sur les Hauts de Montreuil, notre projet de 80 logements conjuguera la certification NF Habitat HQE, la certification Effinature et le Label Biosourcé à la RE2020 palier 2025, pour concrétiser les ambitions de la ville et les nôtres en matière d’exemplarité.

Notre expertise et notre bon sens peuvent parfaitement s’allier aux référentiels pour guider le projet dès les prémisses, et créer une philosophie d’ambitions communes entre les différents acteurs.

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