Quel regard portez-vous en tant que maire sur la politique du logement à mener dans votre ville ?
Il y a d’abord un constat : celui d’une ville trop minérale, très dense, d’une ville qui s’est construite autour de la voiture, à l’instar des aménagements des décennies passées, et manquant de cohérence entre les quartiers. Il y a ensuite un enjeu : celui de la démographie, celui d’attirer de nouveaux habitants, de nouvelles familles surtout, mais aussi d’offrir un cadre de vie qui donne envie de rester. A cet égard, notre première responsabilité est de créer les conditions pour construire une ville agréable et dynamique où les citoyens sont fiers et heureux d’habiter et de travailler ; une ville résiliente et solidaire, entre toutes les populations et les générations. Concernant le logement plus spécifiquement, nous devons à la fois accentuer la rénovation des logements anciens (et pour certains vacants) et maintenir la dynamique de construction neuve avec la difficulté, propre au Grand Nancy, d’un territoire entouré de forêt donc avec peu de foncier disponible. La stratégie métropolitaine de transition énergétique que nous avons adoptée en conseil métropolitain avec un Plan Climat ambitieux, nous incite à fortement accélérer dans les prochaines années la transition du parc bâti. C’est une véritable révolution à faire pour rénover massivement.
Quelles sont les attentes de vos administrés en matière d’habitat et de qualité de logement ?
Elles nous incitent à agir sur la qualité de l’offre, pour produire des logements adaptés aux besoins, que ce soit en termes de formes urbaines (une ville plus harmonieuse), de typologies de logements (une offre pour tous les ménages), et de prix de sortie (budget d’achat ou location) dans le parc privé et dans le parc HLM. Un effort collectif de renouvellement urbain doit ainsi s’opérer, en s’inscrivant dans le respect du patrimoine et de l’identité de notre ville, et une évolution qui tienne compte des enjeux de transition écologique.
A cet égard, nous avons actionné plusieurs leviers, avec la mise en place du Club Climabat animé par la Métropole, qui réunit les promoteurs privés et publics, les acteurs du BTP et les principaux partenaires de la construction pour inventer une autre manière de construire la ville ; ou encore la démarche de promotion de la qualité des opérations immobilières à la Ville avec la signature de la charte de qualité des constructions, en partenariat avec CERQUAL Qualitel Certification, adossée à une certification NF Habitat HQE.
Au-delà, la Métropole investit le champ des solidarités pour prévenir les problématiques d’isolement comme de surpeuplement qui ont été mises en exergue par la crise COVID. Les travaux importants menés au titre du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPRU) en cours vont permettre de rénover 1 383 logements sociaux.
Vous venez d’évoquer la charte de qualité des constructions qui s’appuie sur un partenariat entre la Ville de Nancy et CERQUAL, organisme certificateur de l’Association QUALITEL qui délivre la certification NF Habitat HQE. Qu’attendez-vous de cette démarche et quels objectifs vous êtes-vous fixés ?
Dans le cadre de sa politique en matière d’urbanisme, de développement durable et d’habitat, la Ville de Nancy a souhaité se doter d’un outil permettant d’encourager les projets urbains sur le plan qualitatif et environnemental.
Cette charte constitue le support de la relation partenariale que nous souhaitons avec l’ensemble des maîtres d’ouvrage intervenant sur la commune, le plus en amont possible des projets. Elle pose les conditions de pratiques responsables, que ce soit dans l’élaboration des projets de construction, au niveau du foncier, ou encore dans la méthodologie et les procédés, afin d’offrir des logements attractifs et accessibles, ainsi que des constructions durables et respectueuses de l’environnement.
Les objectifs de cette charte et la politique conduite aujourd’hui par le territoire en faveur d’une transition écologique et sociale assumée est tout sauf l’ennemi de la construction, de l’activité et du développement économique. On peut en effet tout à la fois délivrer des permis de construire, vouloir reconstruire la ville sur elle-même, préserver le foncier rare, changer le regard sur la façon de construire et rénover, construire, produire du logement, accueillir de nouveaux habitants, de nouvelles familles, être dans une dynamique d’attractivité et de développement.
Y a-t-il une opération remarquable que vous souhaitez valoriser en termes de qualité de logement et respect des normes environnementales ?
A l’évidence, le projet phare de démolition et de rénovation du Cèdre Bleu et du Tilleul Argenté dans le quartier du Plateau-de-Haye. Ces tours, considérées comme les plus longues d’Europe, ont commencé une incroyable transformation : alors que les derniers habitants n’y logent plus, elles seront « tronçonnées » en trois parties et les nouveaux logements proposés seront modernes, et plus spacieux. C’est par ailleurs une opération que l’on peut qualifier de vertueuse.
En termes d’écologie par exemple, avec la réutilisation des équipements des anciens logements – sanitaires et salles de bains notamment – qui sont rénovés et proposés à la revente dans une « maison du réemploi » située au bas de ces immeubles.
Ou alors en termes d’emploi également – ces chantiers de rénovation urbaine vont notamment bénéficier de clauses d’insertion en direction de jeunes du quartier. A terme, c’est-à-dire d’ici les années 2025-2026, le quartier aura radicalement muté.
J’ai l’habitude de dire que ce quartier du Plateau-de-Haye, qui a pu être considéré comme une « ville à part » de Nancy, doit devenir un quartier nancéien comme les autres, et même peut-être plus attractif par certains aspects grâce à la proximité de cliniques, d’équipements sportifs et culturels.